Le guide pour choisir les meilleurs formats et genres lors d’un troc de livres de poche

Pourquoi le format poche règne-t-il sur le troc ?

Le format poche a été inventé dans les années 1930 pour rendre la lecture accessible au plus grand nombre : petit prix, transport facile, impression robuste. Aujourd’hui, il reste la star des boîtes à livres et des échanges entre lecteurs. Selon le rapport du Syndicat national de l’édition (SNE), le livre de poche représentait près de 30 % des volumes de livres vendus en France en 2022 (SNE). Mais pourquoi est-il si populaire dans le troc ?

• Pratique : Léger, le livre de poche se glisse facilement dans un sac ou une poche de manteau.
• Abordable : Son prix d’achat réduit le rend moins “précieux” émotionnellement, donc plus facile à laisser partir.
• Robuste : Les couvertures souples et l’épaisseur contenue permettent une certaine “résilience” lors des nombreux passages de main en main.
• Standardisé : La taille classique (généralement 11 x 18 cm) évite les soucis de rangement dans les boîtes à livres qui débordent.

On notera d’ailleurs que certains formats trop grands ou trop “luxe” restent souvent sur les bras des organisateurs de troc, faute de place ou parce que personne n’ose partir avec un livre “collector” au risque de le corner dans le métro.

Les genres littéraires qui s’échangent le mieux

Quand il s’agit de choisir quoi troquer ou rechercher, les goûts personnels entrent en jeu… mais aussi des tendances nettes. Certains genres trouvent leurs lecteurs encore et toujours. D’après les chiffres du marché du livre de poche (Livres Hebdo), voilà les grandes tendances :

• Le roman policier : En France, c’est le genre le plus lu en format poche : en 2022, plus de 25 % des achats de poches étaient des polars ou thrillers.
• La littérature contemporaine : Roman sentimental, roman d’initiation, saga familiale – ces titres circulent très bien, portés par les communautés de lecteurs avides de nouveauté.
• La science-fiction et la fantasy : Ils occupent une niche fidèle. Certes moins volumineuse (environ 7 % des ventes poches), mais les aficionados échangent énormément.
• La jeunesse et le young adult : Un dynamisme à souligner : la série “Hunger Games” ou “Harry Potter” reste parmi les plus échangées dans les médiathèques et boîtes à livres (observations Ministère de la Culture). La part des livres jeunesse et YA en poche progresse de 4 à 6 % du marché du poche selon les années (source : GfK).

Quant aux essais, guides pratiques, BD et poésie… ils peinent à s’échanger, pour des raisons que nous allons détailler.

Pourquoi certains genres “restent” ?

Chaque boîte à livres ou cercle de troc a ses habitués, et souvent, ses invendus. Mais pourquoi certains genres trouvent-ils plus difficilement preneur ?

• Les essais, guides pratiques et documents d’actualité intéressent moins une fois l’actualité passée ou si le sujet est trop pointu. Un guide de jardinage de 2012 peut faire sourire, mais aura peu d’utilité en 2024 !
• La poésie en format poche existe (éditions Poésie/Gallimard…), mais elle touche une audience restreinte et passionnée ; elle circule plus lentement.
• Les classiques scolaires sont pléthores dans les échanges, notamment après chaque rentrée. Mais ils sont rarement “adoptés” hors raison scolaire, sauf si la couverture est séduisante ou la préface originale.
• Les bandes dessinées en poche : assez rares, et la plupart des amateurs de BD recherchent le format original.

Le phénomène s’explique aussi par le cycle de vie d’un livre en format poche. Les best-sellers ou titres récemment passés en poche ont une forte circulation, tandis que les livres plus anciens ou “spécialisés” s’échangent surtout entre passionnés.

Formats spéciaux : poche illustré, semi-poche et “mini-livre”

Si l’on pense d’abord au format “poche” classique (type Folio, J’ai lu, Le Livre de Poche…), il existe quelques alternatives. Mais ont-elles leur place dans les trocs ?

• Le semi-poche ("maxi poche") : un format intermédiaire (souvent 13 x 20 cm) utilisé pour certains titres ou auteurs grand public. Ce format passe bien si l’offre de troc est variée, mais peine dans les boîtes à livres où la place est comptée.
• Le poche illustré : idéal pour la jeunesse ou certains albums d’initiation. Leur succès dans le troc dépend surtout de l’état général. Un bel album ou un “Cherub” en poche partira volontiers !
• Les micro-livres ("mini-livres") : ces formats minuscules (8,5 x 12 cm ou moins) séduisent par le côté ludique, mais ne contiennent en général qu’une nouvelle ou un extrait. Leur succès reste ponctuel.

Le critère de l’état : déterminant pour le succès d’un échange

Un chiffre souvent cité par les médiathèques : près de 80 % des livres non repris lors d’un troc sont dans un état jugé moyen ou mauvais (source : Actualitté). Les lecteurs sont volontiers généreux… mais restent exigeants !

• État du livre de poche : couverture intacte, feuillets bien fixés, pages non tâchées…
• Attention aux éditions “papier recyclé” qui, bien que vertueuses, supportent parfois moins les manipulations répétées.
• Évitez d’apporter des livres annotés ou surlignés, sauf pour les classiques, où quelques marques de lecture sont parfois acceptées par d’autres étudiants.

Quelques anecdotes issues du terrain

Des collectifs de troc – comme “Les Livres voyageurs” à Lille ou l’association “BouquinsTroc” à Marseille – constatent des phénomènes récurrents : à chaque cycle de vacances ou de rentrée, certains livres redeviennent prisés : polars estivaux, romans feel-good, guides de voyage et même… quelques mangas en poche qui ne font jamais long feu.

• Des séries jeunesse triomphent (”La Cabane Magique”, “Le Club des Cinq”, etc.), même en version usée.
• Les prix littéraires, notamment les lauréats du Prix Goncourt ou du Prix Polar SNCF une fois édités au format poche, circulent à grande vitesse après quelques mois de visibilité médiatique (Le Monde).
• Les “livres feel-good” (type Virginie Grimaldi, Aurélie Valognes), dès qu’ils passent en poche, partent dans la journée lors de trocs ou collectes solidaires.

L’intérêt croissant pour la lecture féministe (collectifs, essais, BD en poche comme “Culottées” de Pénélope Bagieu) montre aussi une émergence de nouveaux genres très échangés, surtout chez les jeunes adultes.

Maximiser ses chances lors d’un troc : conseils pratiques pour bien choisir

1. Ciblez les nouveautés et les auteurs médiatisés : Attendez la sortie poche des grands succès de librairies pour les proposer à l’échange.
2. Misez sur les séries : Un tome 1 de saga romanesque ou thriller séduit toujours, car il donne envie de poursuivre l’histoire.
3. Proposez des livres jeunesse pendant les vacances scolaires ou juste après les examens – le moment est propice aux “recyclages” d’été.
4. Pensez aux envies saisonnières : Polar enneigé en hiver, roman feel-good à l’arrivée des beaux jours, guide de voyage dès avril…
5. Soignez la présentation : À l’ère d’Instagram, même une simple étiquette “à découvrir absolument !” ou un petit mot glissé dans la première page peut déclencher l’envie.

Des genres inattendus qui fonctionnent

Au fil des échanges, des genres plus surprenants tirent parfois leur épingle du jeu. Ainsi, la littérature de “feel-good mystery” à l’anglaise (type “Les détectives du Yorkshire”), les récits de développement personnel courts (“Les quatre accords toltèques”) ou les recueils de témoignages touchent souvent une corde sensible et finissent par circuler.

• Les livres en langue étrangère (particulièrement anglais, espagnol), surtout dans les villes universitaires, trouvent preneur lors des trocs multilingues, profitant de la mobilité des étudiants (source : échanges BiblioTroc Toulouse, 2023).
• Côté humour, les collections “Points humour” ou “Le Livre de Poche – Humour” restent des valeurs sûres.

Vers un “troc intelligent” : anticiper pour mieux échanger

Le marché du livre évolue, mais l’envie de découverte et de partage, elle, reste intacte. S’interroger sur les formats et genres les mieux adaptés au troc, c’est maximiser les chances pour chaque livre de vivre une nouvelle aventure. Pour qui veut préparer un panier à échanger efficace, il est judicieux de mêler des best-sellers récents, des séries en vogue, quelques classiques attendus en période scolaire, et de soigner l’état général.

Le plaisir du troc, c’est aussi l’art de la surprise : on apporte un coup de cœur, on repart avec une histoire inattendue. Les genres qui fonctionnent le mieux ? Ceux qui invitent, dès la couverture, à tourner la page – et à la faire tourner à quelqu’un d’autre, encore et encore.