Organiser ses échanges et prêts de livres de poche : le carnet, l’outil secret des passionnés

Pourquoi vouloir garder une trace de ses prêts et échanges de livres de poche ?

Un livre ne vit vraiment que s’il circule. Prêts entre amis, échanges lors d’un troc ou d’une rencontre littéraire, partage avec la famille… Le livre de poche, si facile à glisser dans un sac, est aussi le champion de la disparition accidentelle ! D’après une enquête menée par le site Babelio en 2022, près de 68% des lecteurs réguliers avouent avoir « perdu » au moins un livre après un prêt, et 43% ne se souviennent plus précisément à qui ils l’ont confié. Preuve que la mémoire, même pour les passionnés de lecture, a ses failles…

Lorsque l’on commence à échanger régulièrement des ouvrages, un phénomène réjouissant se produit : on fait découvrir de nouvelles histoires autour de soi et, en retour, notre propre bibliothèque s’enrichit d’aventures inattendues. Mais ce joli mouvement de va-et-vient a son lot de petits tracas. Retrouver à qui l’on a prêté Le Chardonneret de Donna Tartt six mois plus tôt, demander poliment la restitution de ce polar qu’un collègue garde depuis une éternité… pas si simple sans outil de suivi.

Au-delà de la gestion pratique, tenir la trace de ses prêts et échanges, c’est aussi préserver une partie de sa propre histoire de lecteur. Chaque prêt, chaque échange, est un fil dans la grande tapisserie de nos parcours littéraires.

Les oublis, un fléau partagé par tous les lecteurs

Pour donner une image concrète de l’ampleur du « problème », prenons pour repère les statistiques d’associations d’échanges de livres, comme Boîtes à Lire ou La Bouquinerie du Sart (Lille), où près de 2 livres sur 5 ne retrouvent jamais leur propriétaire initial. Le prêt ou l’échange représente un minuscule risque… démultiplié par le nombre de volumes en circulation.

Qui n’a jamais lancé ce cri du cœur : « Mais à qui donc ai-je bien pu prêter mon exemplaire des Hauts de Hurle-Vent ? » ? Pourtant, un outil tout simple peut changer la donne : le carnet ou la liste de suivi.

Quels sont les formats possibles pour suivre ses livres prêtés ou échangés ?

Carnet papier, application mobile, tableur, carnet dédié… Chaque méthode a ses adeptes. Tout dépend de vos habitudes et de vos envies ! Voici un tour d’horizon des méthodes testées et approuvées par les amoureux de la lecture.

Le carnet papier : la chaleur et le charme de l’écriture manuscrite

• Un format classique et personnel, facile à personnaliser à son goût
• Pas besoin d’électricité ni d’application spécifique
• Facile à consulter et à annoter, même sur un coin de table

Un ancien sondage de L’Obs estimait qu’un Français sur trois tient encore régulièrement un carnet manuscrit, que ce soit pour ses lectures, ses achats ou ses idées. Le carnet ou le cahier sont aussi, pour beaucoup, des objets affectifs, que l’on conserve parfois toute une vie (source : NouvelObs.com).

L’application ou la solution numérique : la praticité à l’ère moderne

• Accès depuis son téléphone ou son ordinateur, partout, tout le temps
• Nombreuses applications de gestion de bibliothèque : Bookly, Libib, ou encore Babelio
• Recherche et tri facilités, possibilité d’ajouter une photo de la couverture, des commentaires, etc.

Selon l’enquête « OCLC Global Library Perceptions » (OCLC, 2020), plus de 58% des moins de 35 ans consultent désormais leur suivi de lectures exclusivement sur leur smartphone. Et des plateformes comme Babelio proposent des outils de gestion de prêts et d’emprunts intégrés – une fonctionnalité souvent méconnue (voir Babelio.com).

La méthode hybride : l’art de combiner

• Utiliser un carnet pour lister, et des stickers ou une petite fiche glissée dans le livre comme pense-bête
• Créer un fichier simple sur son ordinateur (Excel, Google Sheets, etc.) à imprimer de temps en temps
• Pourquoi pas un bullet journal personnalisé avec des codes couleurs pour retrouver rapidement les livres prêtés ?

L’essentiel étant de choisir ce qui vous correspond ! Le plus important reste la régularité de la mise à jour : peu importe l’outil, tant qu’il est utilisé avec constance.

Quels avantages concrets à tenir un carnet de suivi de ses livres de poche ?

1. Ne plus « perdre » un livre : une liste permet de voir d’un coup d’œil qui a quoi, et de relancer facilement après quelques semaines ou mois.
2. Mieux gérer sa bibliothèque : savoir quels livres sont toujours chez soi ou chez d’autres permet d’éviter les achats doublons ou des relectures frustrées (« mince, je croyais l’avoir toujours ! »).
3. Plaisir et mémoire de lecteur : chaque mention devient une anecdote, un souvenir de partage. Certains lecteurs aiment relire leurs anciens carnets pour se souvenir de leurs échanges passés.
4. Responsabilisation des amis ou contacts : en notant le prêt (et pourquoi pas en le rendant visible !), chacun se sent davantage engagé à rendre le livre en temps voulu.

Parmi les points que soulèvent souvent les grands troqueurs et bénévoles de réseaux comme Recyclivre ou Sharebooks, il y a aussi le sentiment « d’accomplissement » : voir les titres circuler, revenir, repartir, c’est voir sa bibliothèque vivre pleinement.

Les limites, voire les freins à la tenue d’une telle liste

Tout n’est pas parfait toutefois ! Tenir une liste ou un carnet demande une attention et une régularité, qui peuvent parfois lasser dans la durée surtout lorsque les échanges sont nombreux ou dématérialisés (en ligne, par colis, etc.).

• L’oubli de noter dans le feu de l’action reste courant (même chez les bibliothécaires…)
• Certains amis peuvent ressentir cette démarche comme un manque de confiance – mais dans la majorité des cas, la transparence et la convivialité priment
• Les outils numériques, s’ils sont pratiques, nécessitent parfois un petit temps d’apprentissage (et peuvent tomber en panne ou « planter » comme tout appareil)

Une étude du Cercle de la Librairie rapporte d’ailleurs que seulement 19% des lecteurs inscrits sur des plateformes de « bookcrossing » déclarent tenir une liste à jour plus de 3 mois d’affilée (source : Cercle de la Librairie). Il faut donc choisir la méthode qui paraît la moins contraignante pour soi, quitte à ajuster en cours de route.

Quelques astuces concrètes pour bien gérer son suivi de livres prêtés ou échangés

Quelques règles simples à appliquer :

• Inscrire dès le moment de l’échange : le meilleur moyen de ne pas oublier, c’est de noter l’info tout de suite !
• Préciser la date : cela facilite le suivi, notamment quand il faut relancer un emprunteur discret…
• Noter Titre, Auteur, Nom de l’emprunteur (et contact éventuel)
• Ajouter un espace pour « date de retour », ne serait-ce que pour le plaisir de barrer la ligne lors de la restitution !
• Pourquoi pas, garder un souvenir : une photo du livre prêté, ou un petit mot rapide de l’emprunteur (surtout pour les livres qui voyagent beaucoup)

Un exemple de tableau simple à tenir sur papier ou ordinateur :

Une présentation minimaliste peut largement suffire, mais pourquoi ne pas ajouter des couleurs (prêts en cours vs rendus), s’autoriser des petites anecdotes à côté, ou même coller un autocollant chaque fois qu’un livre « revient à la maison » ?

Et si le suivi de ses prêts de livres de poche devenait un jeu ou une aventure ?

Certains clubs de lecture ou bibliothèques de quartier ont mis en place leur propre « passeport » du livre : à chaque échange, le livre reçoit un tampon ou une petite signature, laissant une trace de son parcours. Une façon belle et poétique de voir les prêts non comme une perte potentielle, mais comme l’élargissement d’un cercle d’amoureux de la lecture.

"L’échange transforme une lecture solitaire en expérience collective" aime rappeler Véronique Favre, fondatrice de La Bouquinerie du Sart, un avis relayé sur actu.fr. Et si tenir une trace, loin d’être une contrainte, devenait justement un rituel joyeux ? Certains lecteurs marquent même d’une étoile les livres « chanceux » qui voyagent le plus !

• Partager une photo du livre sur les réseaux, accompagné d’un hashtag (#LivreEnVadrouille, #MonLivreVoyage)
• Laisser un petit mot dans le livre, à l’intention du prochain lecteur
• Créer un club d’échange régulier, où tous les membres s’engagent à tenir leur carnet et à raconter les anecdotes de retours inattendus

Petite synthèse pour passer à l’action

Peu importe le format : carnet, application, tableau, étiquettes ou bullet journal… Tenir une liste de ses livres de poche prêtés ou échangés, c’est avant tout un acte de soin pour sa bibliothèque et un plaisir de lecteur à partager. On retrouve ses livres, on retrace leurs histoires, et on tisse du lien autour d’eux. Si quelques minutes suffisent à faire la différence, pourquoi ne pas essayer ?

Et vous, quelle méthode allez-vous adopter pour suivre ces précieux petits compagnons de papier qui circulent entre vos mains et celles de vos proches ?